Réaliser une vidéo en réalité virtuelle avec ses élèves : défi accepté !

Vous les aviez peut-être vu passer, mais dernièrement, j’ai eu le plaisir de partager à la communauté éducative, deux vidéos en réalité virtuelle (360°) que j’ai pu réaliser avec mes élèves de l’année scolaire précédente (visibles en fin d’article).

La thématique abordée : le harcèlement scolaire. Un sujet qui raisonne d’autant plus, qu’il est accentué par les outils numériques, et les réseaux sociaux à notre disposition.

Partant d’une demande des élèves, la réalité virtuelle s’est imposée comme l’outil pouvant répondre parfaitement à ces deux besoins :

  • Faire vivre une expérience de harcèlement au spectateur, dans un cadre de sensibilisation
  • Mobiliser TOUS les élèves de manière égale et active dans la recherche et la création d’un contenu.

 

Je vous explique dans cet article cette idée un peu folle, qui a pu finalement voir le jour pour notre plus grande fierté.

1) La recherche d'informations

La réalisation de ces deux vidéos, impliquait les élèves en tant qu’acteur de leurs apprentissages. Toutefois, avant de passer devant la caméra, la recherche d’informations était un indispensable pour mettre des mots et des données fiables sur le phénomène.

Ainsi, et dans le cadre du cours de sciences sociales (3ème secondaire), mes élèves se sont intéressés de plus prêt à la dynamique de groupe, et les différents rôles qui composent une dynamique de harcèlement scolaire. 

Bien que cette étape soit entièrement déconnectée, elle allait conditionner l’étape suivante : la mobilisation de ces informations afin de réaliser un travail d’écriture.

2) L'écriture du scénario

Une fois les informations importantes récoltées et les différents rôles identifiés, les élèves ont pu se lancer dans l’écriture du scénario. Dans une situation de classe encore soumise à l’hybridation, le numérique est intervenu une première fois, via les mises en commun avec des documents collaboratifs résumant les différents travaux de groupe (Word en ligne).

De retour en classe, nous avons pu assembler les différentes petites histoires (un peu sous la forme d’une classe puzzle) afin d’en faire une histoire cohérente et suivie.

Déjà à ce stade, la particularité de la camera 360° pointe le bout de son nez : là où un story-board traditionnel suffit à planifier le déroulement de la vidéo avec les élèves, il est important ici d’y ajouter ces différents points :

  • Comment agencer les élèves dans la scène pour profiter pleinement du 360° et de la 3D ?
  • La camera sera-t-elle visible dans un reflet (ce que nous devons éviter, car on veut immerger le spectateur dans la peau d’une personne harcelée, d’un témoin).
  • Quel rôle, et quelles interactions entre les acteurs qui seront filmés de A à Z.

3) Le tournage

La semaine de répétion fût simple et agréable, celle de tournage elle, fût un moment haut en émotions pour chacun de nous. L’utilisation d’une camera 360°, permet (selon mes observations) aux élèves les plus timides d’être rassurés en apparaissant avec l’entièreté du groupe. Car elle est bien là la principale force de cette réalisation : impliquer, et rendre actif l’ensemble des élèves en même temps (ce qui aurait été difficile sur une vidéo entière avec une camera traditionnelle).

Alors même qu’une grande joie et motivation m’envahissaient, pas question de passer à côté de l’aspect technique, sous peine d’obtenir des images d’une faible valeur. Quelques conseils à respecter une fois que l’on se lance :

  • Les grands espaces sont plus adaptés aux cameras 360° pour obtenir une meilleure qualité d’image et éviter les « parallaxes » (superposition d’images)
  • Les conseils de luminosité s’appliquent comme un tournage traditionnel
  • Pour un meilleur résultat, tenez-vous à au moins 30 cm de la camera (encore une fois pour éviter la superposition d’images).

Si vous désirez améliorer la qualité sonore de votre vidéo VR, deux solutions :

  1. Acheter un micro 360°, mais ce n’est pas donné malheureusement (https://youtu.be/nYmYCTQqKOg)
  2. Faire porter à chaque élève qui parlent un micro-cravate relié à leur smartphone, et récolter les fichiers après.
  3. Améliorer la qualité de la bande sonore en supprimant les son parasite via Adobe Auditon.

 

Gardez également en tête que ce point, nécessite au moment du montage de bonne connaissance. Il est vite facile de se perdre entre tous les fichiers, optez donc pour la solution la plus simple.

D’une analyse plus sociale et pédagogique, je dirai également que ce tournage aura permis de créer un véritable esprit de classe et d’équipe. Je n’ai jamais vu mes élèves autant solidaire que lors de ces différents moments, c’était émouvant, et beau à voir.

4) Le montage

C’est ici que le projet se corse. Si l’on peut encore assez facilement manipuler les cameras 360°, et obtenir des images lors d’un tournage, réaliser un montage lui, demandera quelques prérequis :

  • Maîtriser au préalable Adobe Première pro (PC) ou Final Cut Pro (Mac)
  • Disposer d’un ordinateur assez puissant pour réaliser un montage en VR

Différents tutoriels (mais souvent en anglais) sont disponibles sur YouTube pour réaliser cette prouesse. Cela demande du temps, mais avec de la patience, c’est à la portée d’une personne ayant déjà un bon niveau de montage.

Exemple de vidéo tutoriel pour réaliser un montage 360° : 

https://www.youtube.com/watch?v=X75HRh3UTl0 

 

vr 4

Les fichiers vidéo VR eux, occupent généralement beaucoup d’espace sur un ordinateur. Je pouvais par exemple monter jusque plus de 100 GO pour les différents plans qui composent une vidéo. Fort heureusement, on ne garde pas tout, on raccourcit, et on sélectionne les meilleurs morceaux. Toutefois, le temps de réaliser ces opérations, il est certains qu’un ordinateur qui tient la route sera indispensable.

Certaines cameras 360° vous proposent parfois le « tout en un », à savoir un programme qui permet d’exporter les vidéos et photos, et réaliser un semblant de montage. Si vous êtes débutant, vous privilégierez ce procédé qui vous fera gagner un temps considérable à ce niveau.

 

Quelques exemples de camera qui proposent ces possibilités :

 

 

NB : en cas de montage vidéo en 360°, n’oubliez pas de préciser dans les paramètres d’exportation (si cela n’est pas indiqué d’office) que la vidéo est bien en réalité virtuelle. Cela permettre pour l’étape suivante (la mise en ligne) d’assurer l’utilisation des fonctionnalités 360°, lors de sa lecture sur un réseau social, sur Youtube, ou encore avec un casque VR.

La petite anecdote : lors du montage, et alors que les cours à distance n’avaient plus lieu, j’ai réussi à organiser différentes vidéoconférences avec mes élèves (après leur journée de cours) afin de les impliquer à distance dans le montage. Ne pouvant leur montrer que depuis mon ordinateur fixe (à domicile), je voulais toutefois leur donner l’occasion de participer à cette étape. Ils ont donc pu, me soumettre leurs demandes de modification, leur ressenti, et leurs idées pour améliorer la qualité du montage.

Pour choisir le nom de chaque vidéo, nous avons procédé à un vote via Wooclap. Pour l’une des deux vidéos, deux propositions arrivaient à égalité. Un autre beau moment qui décrit ce projet : nous avons téléphoné en plein cours à une élève écartée, qui a tranchée entre les deux propositions (quel moment inoubliable).

5) La mise en ligne

Afin de profiter du visionnage en 360°, différentes alternatives existent. Tout dépendra du public visé et de votre objectif.

La plus courante sera de déposer la vidéo sur une chaîne YouTube. Elle sera directement identifiée comme étant en réalité virtuelle (si le montage et les paramètres d’exportation sont correctement configurés). De fait, elle apparaitra ensuite sur l’application YouTube VR (utilisable depuis un casque de réalité virtuelle, telle qu’un Oculus par exemple).

La mise en ligne de celle-ci pourra prendre un certain temps (vu la taille du fichier). Le temps de traitement lui, variera fortement selon la qualité et la taille du fichier. Ainsi, vous pouvez dans certains cas compter jusqu’à 2 jours de traitement de votre vidéo, si vous visez une qualité d’image en 4K pour une vidéo de 5 minutes. Mieux vaut donc prendre vos dispositions pour partager cette vidéo à l’avance, quitte à la laisser en privée le temps du traitement.

Facebook permet également d’accueillir des vidéos en 360°, à condition que celles-ci ne dépassent pas une qualité 4K. Inutile donc si vous en avez la possibilité, d’utiliser la qualité d’image maximum avec votre camera. Le procédé est le même que pour YouTube : on dépose la vidéo, et Facebook se chargera du reste !

Dans tous les cas, quelques recommandations pour rendre plus facile l’expérience du spectateur :

  • Précisez dans le titre et la description de la vidéo que celle-ci est en 360°
  • Ajoutez sur la vignette de la vidéo, un symbole « 360° »
  • Expliquez quelques recommandations d’utilisation (écouteurs, augmenter la qualité de l’image)

 

Cela permettra au spectateur ne pas être trop déstabilisé lors de la lecture, et améliorera son expérience.

En conclusion

Les vidéos en réalité virtuelle, sont motivantes, créent une immersion et de grandes émotions. Elles permettent également, d’un point de vue plus sociale (selon mon expérience) une plus grande empathie envers par exemple, une victime, une personne harcelée. Elles facilitent également la participation des élèves qui sont moins gênés, et qui ont moins la sensation d’être réellement filmés.

La question n’est plus tant « doit-on utiliser la réalité virtuelle », mais plutôt « quand l’utiliser correctement ? ».

La création complète ne sera pas accessible sans difficulté au plus novice. Mais avec un peu de pratique, et une expérience dans le montage, et du temps disponible, ce nouveau défi pourra bien motiver de nouveau les plus avertis d’entre vous !

Laurent Di Pasquale

Laurent Di Pasquale

Formateur TICE pour l’edulab

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