Pacte pour un Enseignement d’excellence : l’eduLAB forme 80 personnes relais de la transition numérique

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Le Service général du Numérique éducatif a confié à l’eduLAB les rênes d’une formation en technopédagogie.

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L’objectif : soutenir dans leurs missions les personnes relais de la transition numérique, notamment les délégués aux contrats d’objectifs (DCO) et les conseillers technopédagogiques (CTP) basés dans les réseaux et dont le déploiement prévu par le Pacte a été accéléré en réponse aux besoins de la crise sanitaire. 80 professionnels de l’enseignement sont concernés. 4 sessions sont programmées sur 2021 et 2022. L’une des valeurs ajoutées de ce parcours : les participants sont issus de tous les réseaux d’enseignement ainsi que de l’Administration, une « mixité » qui ouvre la porte à de riches regards croisés sur la technopédagogie.

La « Formation sur les thématiques de technopédagogie » intègre 11 modules. Elle a été élaborée par l’équipe de l’eduLAB en se référant au cadre européen relatif aux compétences numériques des professionnels de l’éducation, le « DigCompEdu ». Les modules alternent visioconférences, journées en formation en présence, temps de travail autonome et temps de création. Des outils transversaux comme le portfolio ou les modèles d’intégration (SAMR, ASPID, TPACK) du numérique en constituent l’épine dorsale. 

Méthodologie SAMR

Jonathan Ponsard, Technopédagogue et animateur de l’eduLAB :
« C’est Ruben Puentedura, un chercheur américain expert des questions relatives à l’éducation et aux transformations induites par les technologies de l’information, qui a proposé ce modèle. Chaque lettre représente un niveau d’intégration du numérique. Le S vaut pour substitution, le A pour amélioration, le M pour modification et le R pour redéfinition. Il s’agit d’une grille de référence en quatre étapes qui permet à l’enseignant de s’interroger sur l’usage des outils numériques en classe et sur la plus-value escomptée en matière de nouvelles dynamiques pédagogiques. »

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Accompagner la transition technopédagogique

L’eduLAB a un programme d’activités prioritairement dédié aux enseignants, tous réseaux et tous degrés ainsi qu’à l’accompagnement sur mesure des écoles et institutions de support dans l’adoption et la transformation des pratiques pédagogiques numériques. L’eduLAB est aussi un lieu physique basé dans les locaux de Technofutur TIC à Gosselies couplé à des espaces immatériels de rencontre, d’expérimentation, d’innovation, de partage et de formation.

eduLAB Laboratoire d'expérimentations

Jonathan Ponsard : « Pour cette formation des personnes relais de la transition numérique, on a créé un parcours qui permet de développer les compétences numériques afin d’accompagner les écoles dans leur transition technopédagogique. Certains des modules sont plus méta, avec une réflexion sur la posture de référent numérique, sur les compétences qu’on peut développer, sur le cadre en Fédération Wallonie Bruxelles de développement des compétences numériques, dont « la Stratégie numérique pour l’éducation » issue des travaux du Pacte pour un Enseignement d’excellence, par exemple. Il y a bien sûr tout le volet intégration des TICE dans les parcours apprenants. A côté de cela, une série de sessions sont consacrées à des outils plus spécifiques comme le Tableau Blanc Interactif, les jeux vidéo en contexte scolaire ou les escape game. D’autres portent sur la créativité numérique : comment je peux accompagner l’école dans le développement d’un projet créatif, par exemple. »

Une vision macro de l’insertion du numérique

Chaque session de 10 jours peut accueillir un groupe de 20 participants. La première session a été organisée en ligne à l’exception de deux modules en fin de session qui ont pu être organisés en présentiel, durant les mois d’avril, mai et juin 2021. La deuxième session de formation a eu lieu début octobre 2021. La troisième session est en cours et la dernière est planifiée pour janvier et septembre 2022. L’une des originalités de la formule est l’un des aspects unanimement le plus apprécié: les conseillers technopédagogiques de l’ensemble des réseaux de l’enseignement ont été conviés à suivre le parcours développé. Parmi les participants à la première édition de la formation, figuraient ainsi (notamment) Isabelle Liemans (CPEONS), Fabrice Pochez (CECP), Joséphine Rousseau (WBE), Vincianne Trémouroux (SeGEC) et Delphine Sweers (FELSI).

Analyse réflexive sur ses pratiques

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Avec 3 membres de son équipe, Fabrice Pochez a suivi la première édition de cette formation unique en FWB. Fabrice Pochez est depuis 2 ans le responsable de la cellule technopédagogique du CECP. Celle-ci compte 10 conseillers au soutien et à la formation. « Notre premier souci était de mener une analyse réflexive sur nos pratiques. Le CECP propose déjà un accompagnement technopédagogique et plusieurs formations aux équipes éducatives, aux directions d’école et aux enseignants des établissements fondamental, ordinaire et spécialisé et secondaire spécialisé. Cette formation a retenu notre attention car elle regroupe 11 modules complémentaires et interdépendants qui s’inscrivent dans le soutien de la mise en œuvre de la Stratégie numérique pour l’éducation de la FWB. Elle nous a paru intéressante parce qu’elle rassemblait vraiment tout ce qui était proposé jusqu’à présent de façon disparate et spécifique par l’IFC ou l’eduLAB. Pour la première fois, une formation opérait un regroupement de toutes les compétences nécessaires au rôle et à la posture de personnes relais. Cela permet d’avoir une vision un peu macro de l’insertion du numérique. »

Regards croisés

Fabrice Pochez : « La deuxième raison de notre intérêt, c’est que cela nous a permis de confronter nos pratiques et, quelque part, de nous rassurer par rapport à ce qu’on propose déjà dans nos écoles. Chaque réseau d’enseignants a sa ligne de conduite et ses priorités. La formation de l’eduLAB a permis à chacun d’analyser ses pratiques, de les partager avec les autres. Ces regards croisés organisés en début et fin de chaque module nous ont été forts précieux. On s’est rendu compte que finalement, on avait les mêmes besoins dans nos écoles et que, quelque part, on faisait les mêmes constats. Nous avons par ailleurs demandé à l’eduLAB de maintenir un espace en ligne pour nous permettre de garder le contact avec nos collègues des autres réseaux de l’enseignement. Différents webinaires ont été programmés en ce sens. »

Mise en commun et confrontation des points de vue entre réseaux

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Échanger autour de ses pratiques entre professionnels d’horizons et de réseaux différents : la formule a également séduit Joséphine Rousseau, conseillère technopédagogique à WBE. Après avoir enseigné le français à l’étranger durant 4 ans au sein de WBI, elle a rejoint début janvier 2021 la cellule d’appui aux projets numériques de WBE en tant que Conseillère au soutien et à l’accompagnement numérique.

Joséphine Rousseau : « Notre mission est d’aider le corps enseignant à utiliser les outils numériques d’un point de vue pédagogique. Notre équipe compte 7 personnes. Mes collègues et moi couvrons tous les réseaux. Je me concentre pour ma part sur l’enseignement obligatoire, de la maternelle au secondaire avec et y compris l’enseignement spécialisé. Cette mise en commun avec les autres réseaux m’a énormément plu. C’est intéressant de confronter la réalité du terrain, d’échanger sur nos pratiques, nos connaissances et nos boîtes à outils. Il y tellement d’applications qu’il est possible de détourner d’un point de vue pédagogique ! Ces retours d’expérience très concrets sont à mes yeux inestimables. »

Le numérique omniprésent dans les plans de pilotage

Delphine Sweers a travaillé durant 18 ans dans une école primaire à pédagogie active à Lasne. Elle a suivi voici 3 ans un Master en Sciences de l’éducation pour enfin occuper à mi-temps une nouvelle fonction au sein de la FELSI: celle de technopédagogue. Depuis 2 ans, Delphine occupe cette responsabilité à temps plein. « Je me partage entre tous les niveaux de l’enseignement en collaboration avec 6 conseillers : 2 pour le fondamental, 2 pour le secondaire et 2 pour le spécialisé. L’ordre du jour dans les écoles, c’est essentiellement le déploiement du numérique à travers les plans de pilotage. Depuis que j’occupe la fonction de technopédagogue, je surfe sur tout ce qui peut me nourrir au niveau de l’utilisation pédagogique du numérique : formations, conférences, séminaires. Lorsque la Fédération Wallonie-Bruxelles m’a proposé cette formation, j’ai pris la balle au bond. Je connaissais déjà l’eduLAB pour y avoir organisé des formations. Comme à chaque fois, le parcours a été de grande qualité, avec des retours très positifs. La formation est très innovante, riche, pleine d’outils à tester et de filons à donner à nos directions et nos enseignants. Nous avons découvert une évaluation sous forme de portfolio électronique tout à fait innovante à mes yeux. C’est vraiment un outil qu’on s’est approprié pour noter toutes nos découvertes, ce qu’on avait pu tester et ce qu’on apprenait de nos échecs. Tout le groupe avait accès à tous les portfolios créés à partir de Book Creator. »

Vincianne Trémouroux : « Pour les portfolios, le livre en ligne était vierge mais prêt à l’emploi, avec un gabarit adapté aux différents modules de la formation. Il suffisait d’annoter dans les pages prévues à cet effet. C’est très personnel comme approche. Cela permet de garder une trace de son évolution sans avoir trop de pression par rapport aux attendus. Aussi, On y a toujours accès : c’est très précieux de savoir qu’on peut y revenir à tout moment. »

Les plans de pilotage sur l’agenda de chaque conseiller

En fonction des réseaux et des écoles, le taux d’informatisation -la disponibilité d’équipements fonctionnels et d’une connectivité satisfaisante- varie, mais l’agenda de chaque conseiller technopédagogique (ou conseiller au soutien et à l’accompagnement en charge de matières numériques) reprend une double tâche: le soutien au quotidien des enseignants dans leur utilisation du numérique, et l’opérationnalisation du volet numérique qu’intègrent la plupart des plans de pilotage mis en place dans le cadre du Pacte pour un Enseignement d’excellence. Depuis près de 4 ans, Isabelle Liemans est conseillère au soutien et à l’accompagnement pour les sciences au degré inférieur au CPEONS. « Je m’occupe aussi de tout ce qui est technopédagogie. Je suis à mi-temps sur cette fonction, en duo avec mon collègue Christophe Cambier qui est lui à temps plein. Mes missions au quotidien sont d’aider les professeurs de sciences pour toute matière, discipline et secteur confondus. On organise des formations qui varient en fonction des demandes des enseignants et l’on se rend également dans les écoles pour répondre à des demandes spécifiques et appuyer les établissements dans l’opérationnalisation de leur plan de pilotage. »

Le numérique n’est pas une fin en soi

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De cette confrontation des positions et des points de vue se dégagent un certain nombre de constats. « Tout d’abord », explique Fabrice Pochez :  » le numérique n’est pas une fin en soi. On en était déjà convaincu mais voilà, c’est confirmé. Ce qu’on a constaté, quel que soit le réseau, c’est qu’il faut d’abord se préoccuper de ce que le numérique peut être un moyen transversal pour soutenir l’axe pédagogique. Si l’enseignant ou le conseiller technopédagogique ne réfléchit pas d’abord aux actions pédagogiques à mettre en place et aux objectifs qui sont poursuivis, et bien l’insertion du numérique est quasiment impossible. Le deuxième constat, c’est que, d’un point de vue méthodologique, nous rencontrons tous les mêmes étapes. Notre public est d’abord dans la découverte et l’appropriation des outils numériques. C’est à nous de le sensibiliser à l’importance de raccrocher cette démarche aux actions pédagogiques et aux objectifs qu’on veut atteindre. En second lieu, notre public cible a tendance à d’abord utiliser l’outil numérique à des fins personnelles pour ensuite le transposer au niveau professionnel. Nous sommes également d’accord sur la nature des obstacles qui se présentent : le frein principal, celui qu’on rencontre tous, c’est l’accès à un matériel de base uniformisé au sein d’un même établissement. Plus celui-ci est disparate, plus l’accompagnement est complexe. »

De l’équipement performant et du haut débit

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Joséphine Rousseau : « Sur le volet numérique, l’air de rien, on est tous sur le même bateau. Il y a certaines écoles qui n’ont pas attendu le Pacte d’excellence pour avancer. On a des établissements qui sont très avancés au niveau du numérique et d’autres qui aimeraient mais qui ont peur. Il ne faut pas sous-estimer les problèmes d’équipements, dans les écoles mais aussi à domicile chez le personnel enseignant et les élèves comme on l’a vu lors de la pandémie. Il faut tout d’abord un environnement numérique de travail performant et une connexion haut débit. A cette condition, on pourra appuyer l’introduction de la pédagogie active grâce au numérique. »

Transposer les acquis de la formation sur le terrain

Le bilan de la formation suivie par les 5 spécialistes de la pédagogie numérique interviewés est lui aussi convergent. Bien sûr le parcours imaginé par l’équipe de l’eduLAB est riche d’outils, de créativité et d’interactivité. Mais il est surtout axé sur le terrain, avec une attention permanente à rendre les acquis transposables.

Ainsi Vincianne a-t-elle repris à son compte, avec deux de ses collègues, le parcours apprenant abordé avec l’eduLAB. « On en a développé un à l’intention de nos directions sur la thématique de la transition numérique. Il s’agit d’un escape game de 45 minutes où les directions vont devoir relever 5 défis leur permettant de bien négocier le virage numérique. Isabelle Liemans a quant à elle développé une formation qui pourra servir aux enseignants pour mettre en place un accompagnement personnalisé des élèves. « Depuis l’année passée, un décret demande aux écoles et aux enseignants d’organiser de front de la Remédiation, de la Consolidation ou du Dépassement. Le sujet avait été abordé par l’eduLAB en deux fois trois heures. Avec mes collègues de maths et de français, on a vu qu’on pouvait installer quelque chose de plus transversal, et faire cet accompagnement personnalisé qu’on attend des enseignants alors qu’ils sont dans des classes de 20 élèves. Du coup, on a été suivre deux jours de formations d’approfondissement et on s’est mis au travail »

Applicable sur le terrain

Fabrice Pochez: « C’est vraiment une formation de qualité. Mais attention, elle est très dense et il faut pouvoir l’inclure dans son agenda professionnel. Dans la session que nous avons suivie, on aurait aimé s’investir davantage mais le temps professionnel ne nous a pas permis de le faire. Malgré cette densité, l’équipe de formateurs de l’eduLAB a réussi à la rendre accessible grâce à son dynamisme et sa bienveillance. Ce sont des gens qui se soucient du terrain. Ils ne viennent pas avec des théories. Tout ce qu’ils vous racontent est applicable sur le terrain. Il y a en permanence une attention à la transposabilité dans les écoles. C’est aussi ce qui fait la force de cette formation. »

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Personnes rencontrées

Joséphine Rousseau, Conseillère au soutien et à l’accompagnement numérique WBI

Vincianne Trémouroux, Conseillère Technopédagogique SeGEC

Fabrice Pochez, Référent spécifique – Cellule Technopédagogique CECP

Delphine Sweers,  Technopédagogue FELSI

Isabelle Liemans CSA Sciences DI CPEONS & Technopédagogue